jeudi 30 avril 2020

Calanques...La grande croisière, il y a 40 ans !



Le 30/04/2020

En 1980, je connaissais les Calanques que par les images de Rébuffat, en écart sur l'arête de Marseille en knicker ou par les photos des grimpeurs modernes, bandeau dans les cheveux, qui apparaissaient dans le magazine "Alpinisme et Randonnée".
Cela me faisait rêver...
A travers ces images, je voyais des falaises compactes et raides faîtes d'un beau calcaire blanc avec de magnifiques gouttes d'eau, tout cela au dessus d'une mer bleu....
Un nouvel univers qui m'attirait et me semblait incontournable pour le jeune grimpeur que j'étais !

Les falaises du Sud que je fréquentais, à l'époque, étaient celles de Buis les Baronnies, Buoux ou encore les Dentelles de Montmirail...Les Calanques c'était le cran au dessus, non plus une simple falaise mais un véritable massif !
Comment trouver la bonne Calanque ? Trouver le bon accès, les bons rappels pour grimper une voie au dessus de l'eau ?
Les schémas très épurés du topo que l'on pouvait se procurer ne faisait que rajouter du mystère !
Et puis les Calanques, c'était aussi Marseille à plus de 200kms.
200kms en mobylette ça fait loin !

En novembre 1980, pour les vacances de la Toussaint, Pascal Charroin un copain me proposa d'aller grimper dans les Calanques pour une semaine avec deux Lyonnais Brian Dayne et Bernard Conod.
Quelle fût pas ma joie....Mais aussi mon étonnement car je connaissais le nom de Conod pour avoir gravi sa voie Conod/Clère à Presles.
Une des premières voie difficile ouverte à Presles en 1966 et qui reste toujours une belle classique !



Départ pour En-Vau Au centre Bernard , Baissé Brian, avec le sac de pommes Pascal

Arrivés sur le port de Cassis, Bernard et Brian avaient négociés le trajet Cassis/ En-Vau sur un petit bateau pour touristes.
Quelques minutes après nous débarquions tout notre matériel de bivouac, d'escalade, la nourriture et l'eau pour plusieurs jours.
Notre bivouac sommaire fût installé pour 4/5 jours.
En cette fin octobre, on était vraiment seuls dans la calanque d'En-Vau, l'impression d'être sur une île déserte m'avait traversé l'esprit.

Notre bivouac, après une nuit sous la pluie !







Les premiers jours Brian et Bernard grimpèrent de leur côté, avec Pascal on grimpait des voies au dessus du bivouac où à proximité...J'ai alors découvert l'escalade dans les Calanques par les classiques d'En-Vau.
Une superbe découverte !


 
Pascal dans la 1ère long. de "Super Calanque"
 
 
 
 
 
Pilier de la passerelle Calanque d'En-Vau





Un matin, Brian et Bernard nous embarquèrent avec eux dans la traversée de "la grande croisière " versant Casteviel.
Là, on passait aux choses sérieuses...
Le rappel en fil d'araignée et pendulaire pour rejoindre le relai m'avait tout de suite impressionné, les vagues qui venaient taper juste en dessous de nos pieds rajoutaient encore de l'ambiance à cette voie où tout retour restait impossible....Je me souviens de cet horizon face à la mer, de quelques bateaux de pêcheurs qui s'approchaient de la falaise....


Place aux photos......Et vivement nos prochaines escalades dans les Calanques !
Rappel de la traversée" la grande croisière"


J'en menais pas large....face à la mer !




Brian ...Dernière longueur de la grande croisière.
Sur la grande Croisière

Sur la fin de la grande croisière
Le 1er mai 2020.
Tout laisse à penser suite à des échanges avec Gary Jullian LE spécialiste des Calanques, que mes photos ont étés prises dans "la grande croisière" et non dans "la sans retour" !
J'ai toujours cru avoir fait "la sans retour" et il est bien possible que nous avions enchaîné sur "la grande croisière"??
Dans le doute, j'attends l'avis de Bernard Conod et de ses photos !
En tout les cas merci à Gary, pour ces précisions et partage de connaissances.
A bientôt.
Fabien



 

lundi 27 avril 2020

Broches à glace....Petit retour dans le temps.

En mettant de l'ordre dans mon matériel, je suis tombé sur quelques reliques...
Des broches à glace en vrac ainsi que des piolets de cascade de glace...
Il y avait là, une part de l'évolution du matériel de glace, que j'ai connu.
J'avais juste à les mettre dans l'ordre pour que l'on retrouve l'évolution technique qu'on subit les broches à glace depuis la fin des années 70 jusqu'au milieu des années 90 !


Je vous laisse regarder en photos.


Les broches tire bouchon. De gauche à droite: Deux premières broches Camp, puis broche Cassin.  
Les broches "tire bouchon" n'avaient pas une grande tenue dans la glace, ni une grande solidité en cas de chute du fait de leur diamètre de seulement 7 mm.
Ce sont des broches qui étaient employées jusqu'à la fin des années 1960  pour passer en artif une rimaye surplombante....
Pour ma part, il m'a suffit d'en visser une dans le couloir du Col Est du Pelvoux en 1979, pour me rendre compte que l'on ne pouvait pas vraiment compter sur cette broche pour une assurance !




De gauche à droite: Broche épine Simond, broche épine Camp, broche conique Simond.
Les Broches épines et coniques sont la version moderne des pitons en glace, on les plantait à grand coup de marteau-piolet pour les enfoncer dans la glace.
Pour retirer la broche, le second devait casser la glace tout autour de la broche....Un vrai travail de bucheronnage !
Ces broches n'étaient pas réputées très solides en cas de chute; leurs diamètres relativement faible de 10 à 15 mm pouvait se cisailler.
On les utilisait dans les années 80.



Les broches tubulaires à frapper: Au centre la broche Lowe, à droite la broche Grivel.

Les broches tubulaires à frapper étaient des broches appréciaient par les grimpeurs par leurs facilités à se planter au marteau.
Le top du top dans les broches tubulaires était la Lowe du grimpeur américain du même nom. C'est Jeff Lowe qui inventa ce type de broches et revendit le brevet à Camp quelques années plus tard !
Ces broches malgré leurs fiabilités furent abandonnées au profit des broches tubulaires à visser, avec notamment la broche Chouinard qui offrait une facilité de pose avec une seule main !





Les broches tubulaires: De gauche à droite. Broche Grivel, Charlet Moser, Simond, Charlet Moser et Camp Années 1980 et dèbut des années 90 pour les deux broches de droite
Les broches tubulaires furent la petite révolution en terme de solidité mais surtout elles facilitaient le travail du second pour retirer la broche de la glace !
Grace à son piolet et en faisant un grand bras de levier sur la tête de la broche, le grimpeur pouvait espérer dévisser la broche sans avoir à briser la glace tout autour de la broche !!
Pour le premier de cordée, il fallait amorcer la broche au marteau piolet, puis la visser au mieux.


Je vous laisse juger de l'amorce que pouvez avoir ces broches tubulaires




Dans les années 1990, le matériel de glace évolua et la cascade de glace attira de plus en plus de pratiquants.
Chouinard développa une broche tubulaire vraiment révolutionnaire qui pouvait se planter et se retirer d'une main !
Simond, Camp , Charlet Moser et les autres marques tentèrent de faire de même mais longtemps les broches Chouinard (black Diamond, par la suite) restèrent inégalées !


Broches tubaires des années 1990, de gauche à droite : Charlet Moser, Chouinard, Simond
 


Dans les années 1990, il y a eu aussi une vague de broches à glace venue des pays de l Est : Les broches en  titane !!
Ces broches étaient légères, titane oblige, mais surtout elles se vissaient assez facilement car le titane proposait un état de surface assez fin et lisse sur le tube de la broche.
Pour la facilité d'amorçage cela dépendait surtout du nombre de dents (de 3 à 4) et des angles d'amorces de ces dernières, car ces broches étaient fabriquées artisanalement.
Pour la solidité, le titane étaient réputé pour casser comme du verre et ces broches ne répondaient à aucune norme, on pouvait se les procurer de la main à la main lorsque l'on rencontré une cordée Russe cherchant à financer son séjour dans les Alpes....


Broches en titane


Avant que l'on connaisse les formidables broches Chouinard, la technique du 1er de cordée pour planter une broche consistait à se pendre sur ses deux piolets grâce à deux longes, à sortir sa troisième main ( piolet de secours porté au baudrier) afin de pouvoir planter sa broche épine ou tubulaire.
Autant vous dire, que bien souvent on préférait avancer plutôt que de mettre une broche !
Qui plus est chaque broche posée était une véritable galère à retirer pour le second !

Vive la glace !

Dans les années 85/86 au dessus de Bourg d'Oisans. Sur mon baudrier 2 broches tubulaires Charlet Moser et une Simond...Quelques coinceurs aussi ! Photo Didier Chenevoy.